mardi 21 janvier 2014

Revanche, de Cat Clarke


" Il me manque tellement. Ça ne devient pas plus facile. Peu importe ce que les gens disent, le temps ne guérit pas les blessures. Il vous montre simplement de nouvelles, et encore plus douloureuses manières de souffrir de l'absence de quelqu'un. Plus cette personne est partie depuis longtemps, pire c'est, parce qu'on commence à oublier son sourire, sa façon de pencher la tête lorsqu'elle réfléchissait, de vous regarder et de deviner ce à quoi vous pensiez. Bientôt, on se met même à avoir la sensation que les souvenir ont été remplacés par des images photographiques - comme si la seule façon de se rappeler cette personne se trouvait désormais sur un cliché, et qu'elle devenait bidimensionnelle. Et comme ça déchire le cœur rien que d'y penser, on évite de le faire. "





Kai et Jem sont inséparables. Jem aime secrètement son meilleur ami, qui serait l'homme idéal s'il ne préférait les garçons... À la fin d'une soirée d'ivresse chez des amis communs, Jem rentre seule chez elle, Kai demeurant étonnamment introuvable. C'est le lendemain que tout bascule : la jeune fille reçoit un email de la part de ce dernier, avec en pièce jointe une vidéo de lui en compagnie d'un garçon qu'il a trouvé postée sur Internet. Cette vidéo plus que compromettante est très vite partagée par tout le lycée et Kai reçoit une salve d'e-mails agressifs qu'il ne peut bientôt plus supporter. Lui qui n'avait pas encore fait son coming out finit par craquer et se suicide... À la suite de ce drame, Jem prend trois résolutions : découvrir la vérité, venger son ami et se suicider elle aussi. Alors qu'elle mène sa petite enquête, elle reçoit un jour une lettre anonyme contenant trois noms : ceux des responsables. Sans hésitation, Jem abandonne son look gothique et décide d'approcher ces garçons. Mais sont-ils réellement les coupables ?

Le dernier et premier livre de Cat Clarke que j'ai lu, Cruelles, m'a perturbé, par sa thématique, par sa fin mais aussi, par l'attachement suscité auprès de son héroïne. Aujourd'hui encore, bien que plusieurs semaines soient passées depuis cette lecture, j'en garde un souvenir bien net. Alors, avec Revanche, on aurait pu me croire averti en sachant à quoi m'en tenir, que j'étais vaccinée en quelque sorte. Pourtant quelque chose en moi, appelez ça mon optimisme indécrottable, pensait qu'il pourrait en être autrement avec Jem. 

J'ai eu quelques difficultés à noter ce livre... En effet, ce n'est pas que le style soit redondant, ou que l'histoire manque d'originalité, mais plutôt que l'auteure parvienne, une fois encore, à étouffer dans l'oeuf tout l'espoir qu'elle a réussi à faire naître trois pages avant. Et, ça, c'est frustrant! Voir que la situation vous échappe, même si on vous le mentionne tout au long de l'histoire a de quoi me déconcerter. 

Donc, il ne s'agit pas d'un souci de plume, mais plutôt de ressenti final. Tout autant que l'histoire, qui reste forte et ambivalente, à mesure que la Revanche de Jem se mélange avec ce qu'elle vit réellement, Cat Clarke parvient à trouver les mots justes pour nous faire comprendre la détresse de ses personnages. Et j'ai trouvé l'ensemble juste, même si depuis mes yeux d'adulte, j'aurais souhaité plus d'une fois pouvoir dire à Jemima quoi et comment penser et lui ouvrir les yeux. 

Et comme dans Cruelles, la vérité explose aux yeux de l'héroïne et éclabousse tout ce pourquoi elle s'est battue: l'amitié et le respect des autres et de leurs différences. Car elle se place dans le même sac au final.

La fin n'en reste pas moins étonnante, et malgré la boule encore coincée au fond de ma gorge, je suis persuadée que cette auteur mérite d'être connue et reconnue pour pointer du doigt la société dans laquelle nos ado évoluent. D'ailleurs, je suis persuadée qu'il devrait être placé dans leurs mains pour leur faire bien comprendre qu'il ne faut pas attendre d'être adulte pour assumer la responsabilité des mots et des actes! 

Si aujourd'hui, je ne place pas cette lecture en "coup de cœur" c'est à cause de la déception qui s'est emparée de moi, et parce que j'aimerai découvrir cette auteure un peu moins dure avec ses personnages. 

Publié aux Editions Robert Laffont, Collection R, octobre 2013, 504 pages, 18,50€




6/6

2 commentaires:

  1. Cat Clarke est la spécialiste des fins bouleversantes! Je la maudit à chaque fois, que ce soit pour Confusion, Cruelles ou Revanche.

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    1. Je la déteste aussi pour ça maintenant, et je vais attendre avant de lire Confusion... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de regarder ses sorties Outre-Manche : A kiss in the Dark. La thématique sera quoi cette fois-ci? A voir la couverture je dirai : l'automutilation?

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