mardi 4 juin 2013

Liberté, égalité, chocolat, de Alex Shearer



 Pierre en main, Sébastien commença à écrire:
Sébastien et Arthur se sont rendus ici, à l'époque des grands troubles
Arthur grava la suite dans la suie et la brique:
Nous étions des soldats de la guerre du chocolat. Nous avons combattu pour que les enfants soient libres. Pensez à nous! Et si un jour le chocolat revient, croquez-en un morceau en notre mémoire. 
_ C'est bien comme ça?
_ Impeccable.
Les deux garçons prirent du recul pour admirer leur œuvre. 





Quatrième de couverture, La consommation de chocolat est déclarée illégale ce jour, à partir de 17h. Tel est l'incroyable avis placardé sur les murs de la ville! Le Parti Qui Vous Veut du Bien, qui a gagné les élections, impose aux citoyens sa conception d'une alimentation saine et équilibrée. Les détenteurs de sucreries, traqués par la Patrouille Anti Chocolat, sont expédiés en centre de rééducation. Avec la complicité d'une commerçante et d'un libraire, Arthur et Sébastien entrent en résistance et deviennent des dealers de chocolat! Combien de temps échapperont-ils à la redoutable P.A.C.?

Pourquoi ce livre?
Vu en rayon depuis un moment, entendu les louanges depuis se qu'il me semble une éternité, et pourtant jamais lu! Improbable pour la gourmande invétérée que je suis, alors il a bien fallu y remédier. 

Ce livre cache une autre réalité sous ses airs délicieusement innocents...
Qui n'a pas entendu les fameux slogans alimentaires relégués par les publicités "Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour" et "évitez de manger trop gras, trop salé, trop sucré" ou encore "évitez de grignoter entre les repas"?  Cette thématique est au goût du jour dans ce livre qui met le chocolat et toute autre sucrerie au placard pour la santé de ses citoyens. Néanmoins, cette interdiction ne va pas être acceptée sans résistance, notamment pour deux garçons qui décident de se lancer dans un commerce illégal de vente de chocolat. 

Le ton léger du début fait rapidement place à une histoire lourde de sous-entendus! En effet, si l'auteur mentionne clairement l'époque de la Prohibition américaine, comparant ainsi le chocolat avec l'alcool, d'autres similitudes se font plus discrètes, comme les allusions au régime nazi avec entre autres les Jeunes Pionniers ou les camps de rééducation, référence bien sentie aux camps de concentration. En prenant le chocolat, de prime abord moins nocif que l'alcool, on sent tout de même le message passer: comme toute chose, à haute dose, il en devient dangereux pour la santé. 

Ainsi au-delà de la gentille petite histoire sur l'interdiction du chocolat, le récit ne se cantonne pas de faire léger avec une histoire originale, mais cherche plutôt à mettre l'accent sur le comportement des gens prêts à tout pour parvenir à leur fin. Et ce, même si l'idée de départ n'était pas en soit condamnable. Toutefois, l'auteur démontre aussi qu'un gouvernement a toujours besoin de l'assentiment de son peuple pour diriger un pays, et que rien ne peut soumettre quelqu'un contre sa volonté. 

Beaucoup de thématiques sont soulevées au travers de ce récit, le tout en adoptant une intrigue simple qui met en scène un enjeu si innocent et dont la plupart d'entre nous raffolons. J'ai trouvé l'ensemble très bien amené, permettant aux plus jeunes de comprendre comment une situation peut vite dégénérer et que la fin ne justifie pas toujours les moyens que l'on adopte pour y parvenir, et que le principal est de rester intègre. 

Une histoire qui restera dans les annales des Rats de Bibliothèque et que je conseillerai volontiers à nos lecteurs plus jeunes pour leur ouvrir les yeux sur le monde et ses enjeux. 

Publié aux Editions Bayard Jeunesse, MilleZime, août 2009, 363 pages, 13,50€

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