lundi 11 février 2013

Sukkwan Island, de David Vann

                                                                                                                                    

On rentre quand?

Ne te monte pas trop la tête. Ça ne sera pas avant un mois ou deux, et seulement si j'arrive à faire marcher la radio, même si je pense que Tom passera nous voir si on reste longtemps sans appeler. C'est ce qu'il est censé faire, en tout cas.


Un mois ou deux paraissaient horriblement longs aux yeux de Roy, une vie entière dans un endroit miteux qui n'était pas chez lui.

   

Présentation de l'éditeur, Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Pourquoi ce livre? 
Je dois cette découverte aux partenariats organisés sur Livraddict qui m'ont permis de découvrir un titre qui ne m'aurait alors jamais interpellé. Je reconnais que ni la couverture, ni même le titre n'a suscité un vif intérêt de ma part, mais la quatrième de couverture, bien plus! Alors merci à cette équipe qui a rendu cette lecture possible ainsi qu'à la Collection Folio pour cette proposition littéraire. 

Avant de vous lancer, vérifiez que vous soyez prêts à tout supporter...
Je recherchais le dépaysement, j'ai trouvé la solitude.
Alors que je m'attendais à une remise en cause de l'homme face à la nature, je suis tombée nez à nez avec ce qui se fait de pire en lui.
Les meilleures intentions du monde sont restées démunies face à la folie. 

Sukkwan Island où l'île de la deuxième chance.
C'est ce que pensait Jim en y emmenant son jeune fils de treize ans, dans l'espoir de renouer des liens plus solides, et parvenir à faire le point, tout en lui offrant la possibilité de vivre durant une année entière face à la nature.
Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu, et bientôt la cohabitation entre le père et le fils devient difficile et délicate. Confrontés à l'isolement que leur inspire les lieux et la rudesse du climat, les problèmes les rattrapent sans les lâcher un instant. Et face aux réactions étranges du père, Roy ne parvient pas toujours à garder le cap. 

Si le récit semble se résumer, dans un premier temps, aux péripéties que les deux hommes doivent essuyer et à leur tentative de partager une expérience qui se veut unique, on sent tout de suite le malaise qui s'installe entre eux et pour cause! Entre un jeune garçon qui lutte contre l'ennui et un père ayant quelques troubles de la personnalité que l'on pourrait qualifier de bipolaire, l'ambiance vire progressivement au cauchemar. 

Pour moi le pivot central du livre est concentré sur l'aspect bordeline du père qui va engendrer un climat d'incertitude et d'inquiétude, complètement inapproprié face à un adolescent qui tente alors de se construire une identité. Conscient de problèmes de son père, Roy ne voudra pourtant pas le laisser seul, même quand la possibilité se présentera à lui.

Au fil des pages, nous sombrons dans la folie, au même rythme que l'angoisse s'installe pour assister à son apogée en milieu de partie, qui m'a glacé le sang! J'ai dû relire plusieurs fois la même ligne pour persuader mes yeux de ce qu'ils venaient de lire. 

La suite ne fait qu'empirer cette sensation poisseuse qui vous colle à la peau, et qui pourtant ne parvient pas à vous dégoûter suffisamment - semble-t-il - pour vous faire lâcher prise! 

Lu en un après-midi seulement, tellement il me fallait connaître la manière dont s'y prendrait l'auteur pour conclure une telle histoire, je n'ai pourtant pas toujours adhéré à cette ambiance si dérangeante. C'était d'ailleurs paradoxal, car plus j'avançais dans le récit, plus l'histoire me répugnait et pourtant je voulais savoir, il le fallait! 

Au final, une histoire qui m'a glacé le sang et dont certains passages m'ont écoeuré. Toutefois, il m'est difficile de dire si j'ai apprécié ou non ma lecture, mais si le but de l'auteur était de bousculer mes habitudes littéraires en forgeant dans mon esprit un sentiment inconfortable, force m'est de constater qu'il y est parvenu! 

Publié dans la Collection Folio, le 30 août 2012, 240 pages, 6,50€ pour la présente édition.



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