vendredi 4 décembre 2015

Pardonne-moi, Leonard Peacock, de Matthew Quick



Le P-38 sera peut-être mon cadeau quand je le déballerai pour tirer sur Asher Beal.
C’est probablement le seul cadeau que je recevrai aujourd’hui.
En plus du flingue, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis.
Je veux leur dire au revoir correctement.
Je veux qu’ils gardent un souvenir de moi. Qu’ils sachent que je tiens à eux et que je suis désolé de ne pas avoir pu être davantage. Désolé d’avoir dû leur fausser compagnie. Qu’ils sachent qu’ils ne sont pas responsables de ce qui va se passer aujourd’hui.
Je ne veux pas qu’ils soient traumatisés par ce que je m’apprête à faire ni qu’ils soient déprimés après.





Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Leonard Peacock. C'est aussi le jour où il dissimule une arme à feu dans son sac. Parce que, c'est décidé, il va tuer son ex-meilleur ami, puis lui-même, avec le P38 ayant appartenu à son grand-père. Mais il doit tout d'abord faire ses adieux aux quatre personnes qui ont le plus compté pour lui : Walt, son voisin littéralement obsédé par Humphrey Bogart, Baback, un camarade de classe violoniste virtuose, Lauren, la fille de pasteur dont il est amoureux, et Herr Silverman, qui enseigne l'histoire de l'Holocauste au lycée.



Un manque d'empathie pour Léonard, mais un récit poignant!


Il est rare, avec un tel récit, que mon attachement envers le personnage principal n'ait pas été plus marquant et plus évident. Malheureusement, si je lui ai trouvé d'autres "qualités" son sort ne m'a pas inquiété outre mesure. 

Cette absence de compassion est à mettre sur le compte du motif de notre héros à faire de son anniversaire une journée à part. A part dans le sens où il compte se suicider dès qu'il aura tué son ancien meilleur ami. Ce cas de figure étrange, où le lecteur suit les pensées du "méchant" est assez perturbant car bien que l'on sente un véritable malaise de la part de Léonard, on ne peut cautionner une telle décision. 

D'autant plus qu'il ne parait pas idiot, certes il fait preuve de beaucoup de cynisme que ce soit envers lui-même comme envers les autres, on comprend qu'il vit ou qu'il a vécu une situation traumatisante. 

Quand arrive l'explication, quand on finit par mieux cerner et comprendre Léonard sur un tel agissement, on est à la fois peiné pour lui et pour la personne qu'il compte tuer. 

Il m'a été difficile de trouver les mots justes pour écrire cette chronique car je suis mitigée sur le ressenti de ce livre, il reste intéressant par la manière dont l'auteur le construit et par l'angle de vue qu'il a adopté, mais on ne peut pas, en tout cas en ce qui me concerne, éprouver un profond élan de sympathie pour le personnage ou alors surement pas avant la fin. 

En parlant de la fin parlons-en! 
Pourquoi nous laisser dans un tel flou? Les fins ouvertes ont l'avantage de donner raison aux deux camps opposés à savoir "happy end" ou "Rest in peace", mais j'aurais préféré une fin plus évidente, avec plus de mots concrets. 

Toutefois, à défaut de ressentir de la sympathie pour Léonard, j'ai fait un transfert sur son personnage d'Histoire que j'ai trouvé très juste et dont le passé m'a beaucoup ému. L'attention qu'il porte à ses élèves et l'attachement dont il fait preuve envers Léonard m'a laissé songeuse... Léonard mesure-t-il la chance qu'il a de pouvoir compter sur un tel professeur?! 

Toujours est-il que l'histoire, par son fond tant que par sa forme, ne manque pas de nous renverser, même si son personnage principal ne remporte pas une vive sympathie de prime abord. D'ailleurs, j'ai pu lire dans diverses chroniques que les bas de pages qui jalonnent le récit en avaient gêné plus d'un. Ici, je dois reconnaître qu'elles n'ont en rien perturbé ma lecture, bien au contraire, j'ai trouvé cette particularité intéressante et originale! 

Editeurs: Robert Laffont
Collection: R
Date de publication: 9 avril 2015
Nombre de pages: 313
Prix: 16,90€

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