lundi 20 janvier 2014

Le baiser du rasoir, Daniel Polansky — Tome 1 : Basse-Fosse




" Le barman, dont je classais d'habitude les qualités plus près du lichen que du mammifère, tira un couperet de sous le comptoir et trancha la tête d'un Valaan de fort beau gabarit, avec une absence de passion qui suggérait que ce n'était pas la première fois qu'il décapitait un client. "

Prévôt.





Basse-Fosse. La ville du crime.
Les hors-la-loi sont rois, les femmes, fatales. Disparaissez, et les gardes s’assureront que personne ne vous retrouvera jamais.
Prévôt est dealer. Il a été soldat. Il a été agent de la Couronne. Il a tout vu, et même pire. Difficile de trouver âme plus tourmentée.
Il est aussi le plus à même de traquer l’assassin qui sème derrière lui les corps d’enfants horriblement mutilés. Un sinistre jeu de piste, où le chasseur pourrait devenir proie.

Bragelonne.fr
Le début m'a fait tiquer, dès les premières lignes. Effectivement, je n'apprécie pas commencer un livre sans synopsis pour directement entamer le chapitre 1. La seconde chose qui m'a mis mal à l'aise fut l'utilisation de la première personne. Le narrateur n'est autre que le personnage principal et j'ai toujours des difficultés avec ce genre de narration.

Passée cette première impression, je me suis facilement immergé dans ce roman, qui allait me balader dans les rues d'une cité où plusieurs peuples se partagent les bas quartiers. 

Le problème, c'est qu'on ne sait pas vraiment à qui on a affaire, j'entends par là que le nom des races, des territoires ou même de la hiérarchie aurait nécessité un lexique. Par moment, ça me faisait l'effet de lire : Il prit le sprotch pour flutchurp afin de grazoupillaouie le quarzac de prorl. Un peu incompréhensible si on ne vous dit pas à quoi correspond chaque mot...  Alors, je sais, nous sommes dans de la fantasy pure et dure, mais lorsqu'on décrit un monde il faut quand même expliquer les tenants et les aboutissants, même si au fur et à mesure, j'ai pu faire le rapprochement avec les cultures africaines et asiatiques. Toutefois, j'ai trouvé ce comportement alambiqué. 

Passons outre cette digression, l'histoire est plutôt bien construite, on poursuit un assassin à travers les yeux d'un dealer de drogue, qui cherche à venger les enfants qui sont enlevés, puis sacrifiés. Grâce à son réseau, l'auteur nous permet de nous balader dans les différents quartiers, qu'ils soient de la cour ou de la racaille. On y explore des guerres de gang ou des attaques de rue, etc... 

L'histoire est bien écrite et bien racontée, mais la fin m'a laissé un goût amer, quand j'ai fermé le livre je me suis dit "ah bon, juste comme ça?". J'ai trouvé le dénouement un peu trop rapide et un peu trop précipité. L'enquête s'achève en quelques minutes sans nous dire pourquoi véritablement. Je suis donc resté un peu sur ma faim et me demande si je poursuivrai l'aventure avec le second tome. 

En bref, une histoire intéressante mais, dont la chute est plutôt mal construite amenant un questionnement final et donc, une déception. 


Je remercie les Éditions Folio pour l'envoi de cet ouvrage.


Publié aux Éditions Bragelonne, 20 janvier 2012, 360 pages, Grand format, 20.30€
Publié aux Éditions Folio SF, 2 janvier 2014, 480 pages, Format Poche, 8.40€


1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Le Baiser du Rasoir de Polanski est un de mes romans préféré. Il est sombre, atypique et mêle avec sagesse Fantasy et policier. Le personnage principal est intéressant pour sa vision du monde et ce seul élément justifie la narration à la première personne : si le récit ne nous était pas conté par lui, on ne comprendrait rien des actions du protagoniste. De plus celui-ci a un passé complexe dont on ne nous révèle que quelques bribes à des moments parfois inattendus. Cela créé un suspens supplémentaire tout à fait bienvenu.

    Le style de l'auteur est très agréable, tantôt travaillé, soigné, tantôt abrupte et violent. On prend plaisir à suivre l'histoire pour au final constater que chaque détail soit d'une importance presque cruciale pour percevoir toutes les nuances de l'histoire ( on fait référence aux paroles de certains personnages plusieurs dizaines de chapitres après qu'elles ait été prononcées ) et j'en viens donc naturellement à parler de la compréhension de l'univers.

    Oui, il est indéniable que peu d'éléments sont livrés quant aux différentes ethnies, leurs coutumes et la configuration du monde. Néanmoins une multitude de détails nous en révèlent plus sur ce dernier tout au long de l'histoire et j'y vois plus une force qu'une faiblesse : un bestiaire détaillé ou un lexique aurait alourdi la lecture, forcé le lecteur à s'extirper de l'intrigue policière pour éventuellement satisfaire une curiosité que l'on nourrit ici avec bien plus de subtilité.

    La fin est à mes yeux une vraie apothéose : le protagoniste comprend tout, mais trop tard et ces révélations sont tellement lourdes que son hébétude est perçue au sein même de la narration. Le réel est intérêt de ce livre EST de se poser des questions. Il éveille une soif de savoir, un questionnement sur le l'univers de Basse-Fosse qui n'est en rien une déception, c'est une invitation à déduire, comprendre et relire le texte pour en percevoir les subtilités. De plus, il ne faut pas oublier que ce livre n'est que le premier tome de ce qui s'annonce être une trilogie et on ne peut exiger toutes les réponses à ce stade ( si on avait sur dès le début du Seigneur des Anneaux que Frodon se ferait griller la plante des pieds avec Sam sur le flanc de la Montagne du Destin après avoir détruit l'Anneau et Gollum, on aurait eu du mal à poursuivre notre lecture ! )

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